Le concepteur de cette diabolique machine avait eu la bonne idée de mettre une vitre derrière
laquelle on distinguait quelques-unes des boites qui contenaient le rêve convoité, organisées en
piles qui étaient rechargée par le haut en ouvrant l'arrière de la machine.
Lorsqu'on tirait le tiroir, on prenait la boite du bas et en refermant le tiroir la pile
descendait d'un cran.
On ne savait jamais avec précision ce qu'il y aurait dans la boite, sans compter que parfois des
plaisantins remettaient la boite vide dans le tiroir avant de refermer, bref un peu attrape-nigaud,
mais passons.
Ce brin de nostalgie - ou d'histoire - m'est venu à l'esprit en voulant illustrer un
concept
simple qui est celui de la pile (ou file) FIFO.
FIFO, c'est un acronyme qui signifie First In, First Out : Premier Entré, Premier
Sorti.
Et effectivement, dans une machine à tirettes, la première boite chargée dans une des colonnes de
la machine était aussi la première boite à sortir par le bas.
C'est pour ça qu'on parle aussi de file, parce que dans une file d'attente, le premier entré est
le premier sorti (sauf au resto U quand ça gruge à mort 😋).
En informatique, on rencontre souvent un autre type de pile, qui est la pile
LIFO.
Encore un acronyme : Last In, First Out = Dernier Arrivé, Premier Sorti.
Si vous faites la vaisselle du midi au camping à la main, que vous la séchez au
torchon parce qu'il pleut depuis 5 jours 🤬, et que vous empilez les assiettes, et
bien vous créez probablement un pile LIFO.
Pour la tartine de 4 heures, ce sera la dernière
assiette arrivée qui sera la première sortie.
C'est aussi très utilisé dans les logiciels quand on annule les dernières opérations (Undo ou
Ctrl+Z) : on fait marche arrière dans une pile LIFO.
Bref, tout cela vous fait une belle jambe, mais what's the point ?
Notre pile quotidienne
Je pense qu'on peut considérer les projets sympas et les obligations de la vie comme une
pile : les trucs s'entassent les uns sur les autres.
Et généralement, les projets de bricolage, la découverte d'Arduino, la fabrication d'un
moule de planeur, les premiers pas vers l'entrepreneuriat... se retrouvent en bas d'une pile
LIFO (alors que ce serait trop bien que ce soit une file FIFO !).
On passe alors beaucoup de temps sur ce qu'on doit faire : on traite le
dessus
de la pile, la vie nous y colle un autre truc, on le traite, etc.
Et au final on passe trop peu - voire pas - de temps sur ce qu'on voudrait faire
: les trucs sympas ou enthousiasmants du bas de la pile.
Bon, je contre tout de suite la levée de boucliers que je sens poindre : d'accord, ce n'est
pas le cas de tout le monde, et si vous ne vous sentez pas concerné, bravo (sincèrement). N'hésitez
pas à répondre à ce mail pour me donner vos stratégies, ça m'intéresse vraiment !
Pour les autres, les concernés, je vous rassure tout de suite :
- Vous n'êtes pas seul dans ce cas, c'est un problème de société
- En prenant conscience du truc et en cherchant à le résoudre, il y a moyen d'améliorer la chose
(je le sais, je le fais !)
Écoper plus vite ?
Les deux techniques principales que j'expérimente en ce moment pour vider ma pile LIFO
:
Bon, déjà, limiter le flux entrant sur la pile :
- Faire le tri,
- apprendre à dire non,
- gagner du temps sur les sources de distraction inutiles.
Sur ces points je vous ai déjà donné des pistes et mes méthodes dans les numéros précédents de
l'APJ.
Mais à certains moment de la vie, cela ne suffit pas, ou alors cela ne va pas assez vite.
Et c'est là qu'arrive en grande fanfare mon idée brillante de la semaine, tadamm......
il faut aller plus vite !
Oui, je sais sacrée lapalissade, mais laissez-moi développer :
Je suis un type plutôt lent. Pas paresseux ou mou du bulbe, mais j'ai tendance à prendre mon
temps pour faire les choses.
C'est quasiment musculaire, depuis toujours je suis plutôt un Diesel qu'un sprinteur. Et c'est
quasiment devenu une identité qui s'est renforcée au cours du temps.
Ajoutez à ça le souci du détail et du bien faire, et vous obtenez une productivité pas vraiment
folle.
Du coup pour faire beaucoup je fais longtemps, ce qui m'a rendu endurant mais ne résout pas mon
problème de productivité (qui est le rapport entre ce qui est accompli et le temps utilisé pour
l'accomplir).
C'est en lisant récemment "
Un rien peu tout changer" (
Atomic
Habits en anglais) que j'ai pris conscience de ce problème d'identité - le type lent - et
du fait qu'il y avait là une marge de progression considérable.
Si j'arrive à avoir plus d'énergie au quotidien pour enchaîner les actions sans temps mort ET à
bouger plus vite dans l'espace quand je fais des mouvements, je pense pouvoir faire 25 à
30% de choses en plus sur une journée.
Et comme je suis déjà endurant, je dois pouvoir le faire sur la durée, sans m'effondrer comme un
sprinteur qui crame tout en peu de temps.
Cette découverte est le point d'orgue d'une démarche que j'ai en réalité commencé il y a
quasiment un mois : une série de routines et de bonnes pratiques que j'ai mis en place
progressivement.
Ma morning routine
Voici les actions que j'ai réussi à transformer en habitudes, qui donnent des résultats
jusqu'à présent, et que je vous
invite à tester :
- Levé toujours à la même heure, sans traîner.
- Direct au saut du lit : mouvements d'assouplissement, puis pompes, travail rapide avec un
haltère ou un kettlebell (biceps, épaules, squats...), étirements légers, cobra, re-pompes.
L'ensemble me prend 10 minutes environ. (Pas besoin d'être extrême, réveillez physiologiquement
votre corps à votre niveau.)
- Douche froide (oui, j'ai bien dit froide) pour à la fois faire retomber ma température,
améliorer ma circulation sanguine et améliorer ma dopamine. Commencer par les jambes et les
bras, puis le reste. Au bout d'une semaine c'est une formalité.
- Pendant la douche, je redéfinis mon identité en me parlant (il est prouvé qu'on peut leurrer le
cerveau de cette façon pour adapter une nouvelle identité) : je suis un type efficace et
rapide,
je vais vite, je ne procrastine pas, etc. En plus ça détourne mes pensées du froid.
- Je continue de me parler en me séchant après la douche, j'essaye d'invoquer dans mon esprit des
images et sensations en lien avec cette autre identité, comme si je la vivais.
- Je prends des compléments alimentaires pour suppléer les manques de la nourriture actuelle afin
d'avoir plus d'énergie sur la journée (et je mange le plus healthy possible à mon
niveau).
Alors je vois bien les rigolards au fond de la salle, mais franchement il faut l'avoir
expérimenté avant de se moquer : j'ai clairement gagné en énergie et en capacité de travail
avec ma
routine.
Ce qui pêchait encore c'était cette histoire d'identité, je n'avais pas vraiment trouvé les
bonnes affirmations pour la redéfinir.
Il faut combattre ce qu'on ne veut pas être et aller vers ce qu'on veut être, mais c'est
seulement récemment que j'ai compris qu'en bougeant plus vite, en frappant plus vite sur mon
clavier, en agissant plus vite, bref en étant un type plus énervé physiquement, et bien
j'arriverai beaucoup plus vite à atteindre les trucs cools du dessous de ma pile.
Alors,
- si vous êtes plutôt du genre force tranquille mais que vous avez du mal à trouver des moments
pour réaliser vos rêves et projets
- si vous avez des projets qui vous font vibrer mais qui sont toujours remis à demain
Peut-être est-il temps de vous énerver un peu plus pour déblayer le terrain plus vite : en
faire
plus, rapidement, et enfin kiffer le bas de la pile !
Les quelques pistes que j'ai donné ici sont un premier pas, essayez de tester à votre niveau, et
revenez me dire dans 2 ou 3 semaines si cela a de l'effet.
Pour ma part je vais programmer sur mon smartphone deux créneaux quotidiens de cinq minutes
durant lesquels je m'efforcerai de bouger plus vite, d'avoir des mouvements plus rapides, en le
conscientisant.
Quand ce sera devenu facile, j'augmenterai progressivement l'intervale.
ARRIBA !